Essai sucré de la Duchesse face à l'ArchiDuchesse

Je me lève ce matin en pleine forme, le soleil lui aussi, derrière les Dentelles de Montmirail.

Pas une brume, 4 degrés, pas un souffle.

Motoooo !

Où vais-je poser mes pneus et faire vrombir mon twin qui fait peur aux mamies ?

Ah oui, c'est vrai, je voulais essayer une Duke hier, pour voir. Allez, un copieux petit dej, j'appelle pour savoir si elle est dispo et je file à Nîmes voir Francis dans sa caverne d'Ali Katé.

Je compte deux heures pour faire le trajet. Google dit 45 minutes mais avec Google on est jamais d'accord : lui il prend les nationales et les autoroutes, moi je passe au diable Vauvert mais jamais je croise un camion.

J'arrive chez Moto 30 les doigts gelés mais l'oeil ébourrifé par une traversée du Gard par les chemins vicinaux mode supermot' (faut bien que je me mette en condition). Bien calmée aussi car j'ai pris du gravier dans un passage à l'ombre et perdu 1 litre de sueur en 3 secondes.

Tant mieux au moins je ferai pas la folle avec la moto de prêt...

Elle me regarde d'un air malicieux

Là, surprise : le concess avait l'air de s'excuser de me la faire essayer : "Faut pas hésiter à taper dedans hein, non mais vraiment Ma'ame Roumeaux parce que bon, voilà, par rapport à ce dont vous avez l'habitude, c'est mou en bas. Tirez les rapports"

Wé c'est ça, tu parles, y font rien que des brêles de tarés chez Katé, vais y aller cooool, moi chuis pas un pailote, je suis une mémé et là c'est pas mon 400 poussif, c'est une DUKE que diâââble !

Ok les premiers 200m  j'ai compris pourquoi il disait ça.  

La 1ere on oublie, c'est juste là pour lancer l'engin, et encore

En sortant de la concession, tout doux sur les gaz (genre l'habitude) et j'avançais pas mais PAS DU TOUT. Un scoobite 50 qui arrive derrière, et me colle (il osait pas doubler quand même, faut pas déconner) 

"non mais je rêve c'est quoi ce délire ???"
Seconde viiiite, tire plus sur la première t'es presque au rupteur cocotte... Clic - 2 - pas de point mort ça passe comme dans du beurre- j'ouvre en grand histoire de semer le moustique et là  je me dis " ils ont déguisé un 400 en Supermot, spa possible...c'est quoi cette bouse ?" . J'arrive facile à 40 sur le rond-point. Enfin je crois. C'est même pas sûr. Pffff.

Ah ça, on risque pas de se retourner au démarrage...

Effectivement on peut vraiment taper dedans, à mort, même en seconde.

Rien, mais rien à voir avec la SuperDuke.

En SD tu ouvres en grand en première, tu perds ton blouson, en seconde, la moto part sans toi

Finalement je roule peut être pas si mal que ça vu ce que j'en fais de la SD...

Bon ils ont abusé chez Francis : le Dunlop pourri à l'arrière ça m'a pas donné envie d'aller chercher la limite... Il m'a bien mise en garde. Tirer les rapports certes mais penser qu'on a une savonnette derrière, donc pas de folies.

Bon en même temps faudrait déjà tomber deux rapports pour faire glisser le truc. Pas vraiment de frein moteur même à 7000.

Du coup changement d'itinéraire, je pars me perdre dans les chemins pourris histoire de pouvoir au moins tester la partie cycle.

Après un temps d'adaptation ça rigole moins, enfin façon de parler parce que c'est joueur cette petite bête...

La troisième est coupleuse passé 4000 et pousse bien après 5000. Dans les routes à chèvres ça passe tout en douceur (pas pour le dos) si l'on peut dire, comparé à mon twin de brute.

Par contre pour ceux qui viennent d'un gros bi : gaffe au frein moteur qui ralentit mais ne freine pas vraiment comparé à la SD qui lorsqu'on coupe oblige à serrer le résé ET à se tenir au guidon pour pas se retrouver le nez sur le té de fourche...

Bref, clairement plus proche de mon DRZ400 que de la SD. Etonnant car je m'attendais à l'inverse.

(NB : j'apprends que le triple mapping est aussi dispo sur cette version, dommage car à l'avoir su lors de l'essai j'aurais changé de mapping)

Ces petites routes semblent mener nulle part.

Tiens, Vauvert ! L'expression est juste, c'est perdu Vauvert. 

Bon, ça fait bientôt une heure que je tournicote dans les routes pourries et humides.

Faudrait songer à rentrer et tester un peu l'allonge du jouet. En plus ça fait 20 bornes que je suis sur la réserve.

Direction la nationale et là bonne, très bonne surprise : le châssis est très sain, l'allonge correcte, la puissance bien étagée sur les derniers rapports. Pas de doute la différence avec mon enduro se fait là. Malgré sa légèreté la Duke reste bien sur sa traj en courbe rapide, aucune sensations de vrille dans le châssis. Je trouve même qu'elle est plus stable dans une grande courbe que la SD. Faudra que j'aille vérifier la chasse et l'empattement parce que là c'est vraiment flagrant.

Verifications faites la SuperDuke a effectivement un angle beaucoup plus fermé.

C'est d'ailleurs la seule chose que je lui reproche finalement : l'impression de flou dans le train avant car elle est très vive, trop pour moi qui aime les belles traj bien propres et pas la traj façon PID où tu fais de mini corrections tout le long parce que la moto ne reste pas rigide.

C'est difficile à expliquer, ceux qui l'ont essayée me comprendront.

Une chasse minuscule c'est la porte ouverte à une moto qu'on est obligé de verrouiller avec ses bras en courbe, et moi à force ça m'use, même si à basse vitesse c'est un atout une telle vivacité pour un monstre pareil.

La Duke à côté c'est un rail.

(Faudrait peut être que j'aille essayer la SMT et l'HyperMotard...)

Pour ceux qui ont une Duke sachez que la réserve permet de faire au moins 37 km (test décidé en accord avec Ma'ame Moto 30)  

Je suis rentrée avec une sensation très mitigée du coup : déçue par le moteur, clairement : il se rapproche plus de mon 400 que du mille de la SD.

Mais aussi bluffée par la facilité, la maniabilité de l'engin qui, très sain, reste bien en ligne et garde sa trajectoire même sur des portions très dégradées, et à bonne allure. J'ai noté à vue de nez que je roulais 20 km/h plus vite dans les chemins creux avec la Duke. Ca freine très bien aussi, très sain et sans surprise quand on est habitué au freinage de la SD. 

Une bête à Rallyes Routiers.

En tous cas je roule plus vite, mais surtout plus sereine : en SD dans une route à chèvres je serre la moto, les dents et le reste, les bras verrouillés en pensant "pourvu qu'elle tienne, pourvu que je guidonne pas, pourvu qu'il n'y ait pas une ornière, pourvu pourvu pourvu", Bref, un poil anxieuse. Du coup je les évite car je rentre chez moi épuisée, le dos et les bras douloureux.

Avec la Duchesse je me suis très vite sentie en confiance, comme en 400, mais avec une tenue de route et de cap bien supérieures. Au bout de 15 km d'essai j'étais déjà en appui sur les repose-pied à choisir la route la plus défoncée aux carrefours ! Et allez hop le gué plein de flotte

Il faut dire que je suis restée 8 ans off-road et ça, ça marque une vie de motard, j'en suis sûre maintenant : il est clair que sur la route je recherche les sensations que j'avais sur la terre. Je m'en suis rendue compte avec la SD : un roadster quand même haut, avec des suspensions dignes d'un enduro haut de gamme et un comportement routier plus proche du gros trail que du roadster sportif. En trois mots : une moto qui se pilote avec les bras.

Malgré tout rien à voir avec la Duke qui me poussait dans les raidillons mouillés et gravillonneux.

Quand le petit mécano a vu l'état de la moto à mon retour il a souri. J'ai fait une moue d'excuse, il a ri. On s'est compris.

Rhaaaa j'aimerais l'avoir en plus de l'ArchiDuchesse, machine à faire dresser les poils du dos.

Je sens bien que je suis devenue exigeante à rouler en SuperDuke, tant pour le caractère moteur que pour la partie cycle. A lire les essais et autres comparos en ligne sur les forums j'ai l'impression qu'on a pas essayé la même machine !

Il va falloir choisir... Plaisir ou frisson.